Et si l’Histoire n’avait pas suivi le fil que nous lui connaissons ? Si une seule décision, un battement d’aile aux antipodes, un mot prononcé différemment, avaient suffi à faire basculer le monde sur une autre trajectoire ? L’uchronie naît de cette vertigineuse hypothèse. Elle n’est pas seulement un jeu de l’imagination : elle est une interrogation sur le réel, un miroir tendu au destin. De Napoléon triomphant à Waterloo aux Américains découvrant l’Europe, elle explore les chemins perdus, les bifurcations improbables.

De Borges à Philip K. Dick, de Pavic à Alain Damasio, les écrivains ont fait de cette fissure dans la chronologie un espace de liberté. L’uchronie revisite le passé pour mieux sonder le présent, comme si, en modifiant l’histoire, nous pouvions mesurer le poids exact de ce qui fut. Elle questionne la fatalité, la mémoire, et ce fragile équilibre entre le possible et le réel.

Ce recueil s’inscrit dans cette tradition des cartographes de l’imaginaire. Chaque nouvelle ouvre une brèche, invite à franchir le seuil d’un « et si » infini. Car au fond, toute littérature n’est-elle pas une forme d’uchronie ? Une manière d’écrire ce qui aurait pu être, pour éclairer ce qui est.

Dans la catégorie générale, le jury a consacré « Pucelune » de Corine Sylvia Congiu, où cette réécriture flamboyante de la vie de Jeanne d’Arc célèbre la force des femmes et leur combat contre l’injustice. Dans la catégorie Junior, c’est Anaïs Bellart Chantegrel, 16 ans, qui est à l’honneur avec « Le prunier écarlate » un texte fort qui explore la fragilité de l’innocence et la lutte des âmes face aux idéologies et aux violences qui déchirent un pays. Enfin, deux coups de cœur ont été décernés : « La chasse » de Gisèle Combremont et « Le génocide n’aura pas lieu » de Daniel Aubin.

Merci aux 150 candidats de ce concours, merci également aux membres du jury (Arthur Guenat, Cindy de Amaral, Gilles Alliaume, Sylvia Yahya et Noé Bezborodko) pour ce difficile travail d’appréciation des textes et enfin merci à Catherine Petitfils pour son travail remarquable de correction et de mise en forme.

300 pages

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